Interview PimPamPost
Après vous avoir présenté la start up Barcelona Wink la semaine dernière, nous vous proposons aujourd’hui de découvrir PimPamPost.
Le concept ? Proposer à des voyageurs de profiter de l’espace disponible dans leurs bagages pour prendre en charge un colis et ainsi pouvoir amortir jusqu’à 45 euros de leurs coûts de déplacement. Benjamin Chartoire nous accueille dans ses bureaux Carrer del Bruc. Un lieu inspirant où se développe sa startup PimPamPost depuis octobre 2016.
Benjamin, quel a été ton parcours avant la création de PimPamPost ?
Mon associé Guillaume et moi-même sommes issus de la filière Droit. Je me suis diversifié dans le gestion de projets, ce qui m’a amené à voyager énormément. J’ai travaillé dans la coopération internationale au Maroc. Je m’occupais des problématiques de développement urbain par le biais des réseaux.
J’ai toujours eu une sensibilité particulière au développement durable et je souhaitais m’inscrire en tant qu’acteur dans le domaine. Je me suis par la suite engagé dans l’action humanitaire d’urgence. Je suis parti plusieurs années sur le terrain et m’occupais de la gestion de camps de réfugiés. J’ai travaillé à l’est du Congo, au Tchad vers le Soudan et puis à Haïti.
Avant de partir du Maroc, j’ai rencontré ma compagne et nous nous sommes installés à Barcelone. C’est là que j’ai travaillé dans l’internationalisation des PME en intégrant le programme Acció qui est l’agence gouvernementale catalane pour le développement des PME où j’ai notamment travaillé pour Compact Habit une société qui travaille dans l’innovation.
La société PimPamPost est une SAS française, constituée depuis octobre 2016. Elle est française pour deux principales raisons: toute l’équipe du départ vit en France, et tout ce qui touche à l’économie collaborative est plus favorisée en France qu’en Espagne, même si cela tend à s’uniformiser au niveau européen.
Peux tu nous raconter la genèse du projet ?
Mon associé Guillaume et moi-même sommes des amis de la fac de droit de Clermont-Ferrand. Nous vivons en expatriés depuis 15 ans. En vivant cet expatriation on s’est rendu compte que c’était un peu problématique d’envoyer ou de se faire envoyer des choses par nos proches. Les envois internationaux sont onéreux et souvent très problématiques en matière de transparence et de suivi.
En addition de cela, se pose la question de l’impact environnemental important que génèrent ces envois. Tous ces colis suivent les canaux traditionnels : camions et/ou avions qui s’avèrent être des transports très polluants. On a commencé à s’intéresser à la question il y a maintenant 3 ans. Nos échanges nous ont menés vers l’idée du transport collaboratif.
Après avoir réalisé un petit tour d’horizon des activités existantes dans ce domaine, le constat était qu’il n’existait aucune offre de transport collaboratif formulé comme un service postal. Beaucoup de plateformes certes – une centaine recensées dans le monde – mais pas formulées de la même manière que la nôtre.
Nous sommes un service postal, très lisible, avec des délais, une catégorie de petit colis, qui permet aux gens d’amortir leurs frais de déplacement lors de leurs voyages internationaux en utilisant des transports pré-existants pour limiter l’impact environnemental.
Il semble y avoir chez PimPamPost un véritable positionnement éco-responsable, peux-tu nous en dire plus ?
PimPamPost est membre du réseau ZERO-ECOIMPACT qui rassemble des acteurs éco-responsables sur une plateforme qui vise à faire connaitre les solutions écologiques existantes. Nous nous sommes engagés à collaborer avec différentes associations et initiatives de protection de l’environnement. Les arbres permettant d’assimiler le CO2 produit par le transport de colis, pour chaque transaction réalisée PimPamPost s’est engagé à financer des programmes de reforestation et de préservation d’espaces boisés.
Comment est composée votre équipe ?
Carla notre stagiaire marketing et communication et moi-même travaillons à plein temps et sommes basés à Barcelone. Nous sommes une équipe de 9 personnes. La majorité réside à Barcelone mais travaille dans d’autres locaux. Tout l’aspect technique ainsi que le développement de l’application et de la page web est traité à Barcelone. L’autre partie de l’équipe se trouve entre Paris et Rouen et la dernière est du côté de Dubaï, elle gère les aspects plus transversaux, à savoir toute la partie légale et financière.
L’équipe a-t’elle rencontré des obstacles lors de la construction du projet ?
Nous avons eu la chance de nous rapprocher de Quim et de Pablo, qui ont respectivement un profil d’ingénieur informaticien pour l’un et de développeur pour l’autre.
Quim est un entrepreneur en série. Il est à l’origine de pas moins de 4 startups différentes. Nous avons bénéficié de ses conseils techniques avisés et avons, j’en suis certain, évité bon nombre de difficultés grâce à son expérience.
Pablo est à la tête d’une équipe de développeur et fait du codage. Il nous a aidé dans la mise en place de tous les services attenants à notre projet à savoir le tracking du colis, le tchat pour la prise de rendez-vous, la signature électronique…
Les premiers mois, quand l’application n’existait pas encore, on a testé la réaction du public, avec notre site web. On a développé tout l’aspect graphique et notre charte avec une amie graphiste de Berlin. On voulait quelque chose de « gender friendly ». Par la suite, Luciana notre Webmaster a pris le relais pour le développement de l’ensemble. On a également découvert tout un vivier de compétences à Betahaus, un espace de coworking basé à Gracia, un quartier de Barcelone. Une bonne partie de l’équipe est issue de là-bas. Ce sont des gens qui se sont associés au projet. On a un vrai fonctionnement d’équipe.
A qui se destine votre service ?
On a réalisé qu’il existait un enjeu important concernant les envois de colis entre particuliers mais pas seulement. Les PME de la vente en ligne sont concernés également. Elles pâtissent aujourd’hui beaucoup de cette problématique de transport, et ont du mal à se développer.
Elles ne peuvent pas vraiment profiter de l’espace Schengen du Marché Unique à cause des barrières de transports. Là où des gros monstres tels que Amazon et consorts auront solutionné ces problématiques depuis longtemps, les petits acteurs restent pénalisés en n’ayant pas accès à l’ensemble du Marché.
C’est une des priorités de la Commission Européenne de concrétiser ce qu’on appelle le Digital Single Market – avoir un réel Marché Unique Européen. Ces velléités s’obtiennent par l’abolition des frais de roaming par exemple, la fin du geoblocking quand vous faites un achat par Internet et la levée des barrières de transport. PimPamPost rentre dans cette dynamique-là.
Il y a un second enjeu qui est celui de fournir des colis aux PIMERS (les voyageurs utilisant le service de PimPamPost et transportant des colis). Une croissance équilibrée est à assurer entre le volume de colis à expédier par les particuliers et les professionnels et ces PIMERS.
On approche des plateformes de ventes en C to C également. L’application est faite de telle manière que vous pouvez être à la fois celui qui transporte un colis ou celui qui souhaite le recevoir. Je souhaite que cette communauté française de Barcelone – représentant 60 000 personnes – nous connaisse.
Pourquoi se limiter à seulement 5 kg ?
Plus de 85 % des envois de colis en E-commerce font 5 kg ou moins. On a retenu ce poids spécifique pour optimiser l’occupation des espaces disponibles des bagages de voyageurs. Enfin, à la vue de nos préoccupations environnementales, nous ne souhaitons pas affréter des transports. On souhaite vraiment utiliser des transports pré-existants.
En terme d’investissement, comment avez-vous fonctionné ?
Au début on a bootstrapé comme on dit (faire avec les moyens du bord) avec Guillaume. On a investi tous les deux. On a bouclé au mois d’avril une levée de fonds auprès de nos proches et de nos amis.
Quels sont vos projets à 6 mois ?
Une seconde levée de fond est prévue à l’automne. Nous consolidons notre activité sur l’axe pilote : Paris-Barcelone et comptons ouvrir de nouvelles villes.
Travaillez-vous en synergie avec des partenaires ?
Je rentre de Paris où nous avons rencontré des acteurs de poids du voyage ferroviaire et routier ainsi que leurs filiales. Les voyages en train et en bus sont de vrais leviers de poids pour rencontrer nos PIMERS. On travaille actuellement sur des synergies permettant de faciliter le dépôt et la réception des colis. La possibilité d’utiliser des sortes de « points relais » comme solution de premier-dernier kilomètre est à l’étude.
Quand on regarde une carte, Paris est connectée avec Londres, Bruxelles, Amsterdam, Genève, Milan, Barcelone, le spectre est large. En train, on a souvent de l’espace disponible, on arrive en centre ville, on peut profiter des consignes, il y a toute une démarche à mettre en place qui aurait beaucoup de sens.
Nous avons été contacté par Google qui nous ont intégré dans leur programme High Po (High Potential : un programme d’accompagnement qui propose d’accompagner 1% des sociétés à fort potentiel avec lesquels ils travaillent dans leur démarches de développement digital). Ce sont des signes plutôt encourageants.
Quelles sont vos premières ambitions ?
Prioritairement, développer notre visibilité auprès des expatriés français de Barcelone est notre priorité. Consolider notre communauté de PIMERS et d’utilisateurs de l’application : particuliers et PME. Nous pensons également à déployer à terme, par l’intermédiaire du portefeuille électronique, différentes prestations : des billets de trains, de bus, des nuits d’hôtels, des musées…
Votre application est disponible actuellement sur Android, à quand une version IOS ?
Nous sommes en train de développer la version IOS et la version Bêta d’Android est lancée depuis le 25 mai dernier sur la plateforme Google Play. Elle fonctionne, et nous permet de récolter les premiers retours de nos usagers. La version Apple, intégrera des fonctionnalités plus poussées et sortira pour la fin du mois de juin. Nous en profiterons pour updater la version Android.
L’application sera disponible en trois langues : Français, Espagnol et Anglais car nous n’écartons pas la possibilité d’ouvrir à d’autres destinations dès cet été.
Quelle est votre stratégie de communication et marketing à l’heure actuelle ?
On fait du A/B testing avec Google lors de campagnes Adwords. On réalise différentes versions de campagnes, on voit ce qui fonctionne, on ajuste et pour le moment on cherche encore. Il y a tout un volet Adwords et Facebook, publicités sponsorisées que nous souhaitons mettre en place, et évidemment tout l’aspect community management, dont Carla se charge. Nous sommes présents sur Facebook, Twitter, Instagram et Linkedin.
Il y a une grosse part d’éducation à faire auprès de notre communauté. Cela constitue notre plus gros chantier. Nous sommes en train de développer toute la partie brand content également.
La Peña (club d’entrepreneurs) et la FrenchTech nous font profiter de leurs réseaux et de leurs bonnes pratiques. Enfin, nous sommes aussi en contact avec Barcelona Activa. Leur cybernarium est une réelle ressource pour nous.
Pourquoi PimPamPost ?
Parce ce que ça va vite. « Pim, Pam » était un tic de langage que j’avais et que mon associé avait relevé lors d’une de nos réunions de travail. C’est resté ! Ça correspond tout à fait à l’univers dans lequel nous nous trouvons. Quelque chose de rapide, précis et net. Et c’est un nom qui reste en tête !
Des galères ?
En dehors de pas mal de retard sur le côté développement technique de l’application. La plus grosse galère aura été de consolider l’équipe. Nous y passions nos soirées… Autours de nous, gravitait des profils intéressants et complémentaires qui aurait pu nous faire avancer plus vite dans le projet. Malheureusement, cela n’a pas abouti.
Quels conseils donneriez-vous à d’autres startups qui se lancent ?
Aujourd’hui, avec le recul, je n’essaierai plus de convaincre coûte que coûte. Le conseil que je donnerais aux jeunes entrepreneurs est de ne pas chercher à convaincre en déployant une énergie surhumaine. On risque d’y perdre quelques plumes. Si l’intérêt de l’autre n’est pas au rendez-vous, si l’idée ne fait pas mouche, alors il faut passer à autre chose et chercher de nouvelles ressources ailleurs.
Je leur dirais également que l’aspect RH est un domaine qu’il ne faut pas sous estimer.
Chez BE INFLUENT, on aime particulièrement PIMPAMPOST pour…
- L’utilité évidente de ce service de transport collaboratif cross-border qui limite l’impact environnemental.
- Le fait qu’une partie de chaque transaction réalisée sur l’application soit reversé à des programmes de reforestation et de préservation d’espaces boisés.
- La dimension humaine du projet qui crée du lien social.
- L’idée qui éveille les consciences sur notre empreinte carbone au quotidien.
- Et le fait de pouvoir bientôt se faire livrer des colis de fromages en provenance direct de France !
Bonne chance PimPamPost ! Et pour télécharger l’application Android, c’est par ici : Application PimPamPost.